sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

Éléments de vie collective mouzillonnaise

Les maires de Mouzillon

Jean Gabriel BOUCHAUD - Maire de 1801 à 1807

Jean-Gabriel BOUCHAUD est né le le 29 août 1742 à Angrevier - Gorges. Il est le fils de Jean BOUCHAUD et de Marie FLEURY. Son parain est Gabriel FLEURY, docteur en médecine. Il est donc d'une famille familiarisée avec la vie intellectuelle.

Le 28/01/1771, à Mouzillon, il a épousé Jeanne Marguerite LUNEAU, née le 22/03/1746 à Rousseau, fille de Julien LUNEAU et de Jeanne GUILBAUD. Jeanne Marguerite LUNEAU meurt le 13/08/1807 à la Rouaudière.

Plusieurs enfants du couple BOUCHAUD-LUNEAU sont identifiés : Anne-Gabrielle LUNEAU qui épousera François PAVIOT notaire et Prudent BOUCHAUD (20/05/1778 Monnières - 17/04/1864 Monnières). Prudent BOUCHAUD (20/05/1178 Monnières - 17/04/1864) Il semble qu'à partir de 1781 le couple demeure à Mouzillon

Jean Gabriel BOUCHAUD a eu une formation et des relations qui lui ont permis de prendre en charge la fonction de Maire de Mouzillon à une période qui ne manquait pas de difficultés : réorganiser la vie collective après les violences vécues, mettre en place l'organisation voulue par la révolution française et par le pouvoir napoléonien. Les actes de la paroisse de Monnières où son frère était vicaire laissent supposer qu'il a vécu dans un contexte fortement marqué par le catholicisme. De plus, son action à Mouzillon laisse penser qu'il a eu un solide formation, une compréhension pertinente et l'intelligence de la situation.

Le mariage de Anne-Gabrielle BOUCHAUD avec François PAVIOT, célébré à Mouzillon le 8 fructidor de l'an XII témoigne des relations que pouvait entretenir la famille BOUCHAUD.

Jean-Gabriel BOUCHAUD meurt le 29/03/1816 à la Rouaudière.

Auguste PEPIN - Maire de 1808 à 1820

Auguste Pépin est probablement celui qui bénéficié d'une indemnité pour une maison détruite pendant la guerre civile à la Poulfrière.

Souvent c'est la signature de l'adjoint au Maire, . BUREAU qui se trouve au bas des actes d'état civil.

Il fut maire à la fin du 1er empire napoléonien et au début de la restauration.

Auguste de THOUARE - Maire de 1820 à 1830

Auguste de THOURE est le seul noble qui ait joué un rôle identifié dans la vie collective à Mouzillon après la Révolution Française. Mais sa trajectoire est peu perceptible : d'où vient-il ? où est-il mort ?

Il faut maire pendant la restauration.

En 1836, est clairement identifiée Augustine Rose Marie Eugénie DUBOIS, veuve de THOURE, rentière, agée de 68 ans. 6 personnes travaillent sous sa responsabilité. Peut-être s'agit-il de la veuve de l'ancien maire de Mouzillon.

Prudent LUNEAU - Maire de 1830 à 1834

Prudent LUNEAU est né à la Morandière le 15/09/1789. Il est le fils de Julien Joseph LUNEAU et de Marie RIVET. Il est le neveux de Jean-Gabriel BOUCHAUD.

Un acte précise qu'il est rentier. Un premier mariage avec Marguerite Marie MENAGER le conduira à vivre à Vallet. Un deuxième mariage sera célébré le 28/04/1840 à Mouzillon avec Jeanne JEANNIERE de Saint-Hilaire de Loulay (Vendée).

Ces actes d'état civil témoignent des relations qu'il a pu avoir bien au-delà des limites de la commune.

Il est vraisemblable que le portail d'entrée du cimetière fasse référence à lui. description

Prudent LUNEAU décèdera le 07/12/1852 à la Morandière.

François AUBIN - Maire de 1835 à 1844

François AUBIN est né le 05/02/1787 à la Gaudinière. Il est le fils de François AUBIN et de Jeanne Elisabeth PIOU. Sa mère sera tuée en avril 1794 au Pallet, près du moulin de Sangèze dans le contexte de guerre civile.

Il est le 4ème enfant d'une famille de 5 enfants.

Le 25/06/1808 à Mouzillon, il épouse Jeanne GREGOIRE fille de Julien GREGOIRE et de Marie LUNEAU. Jeanne GREGOIRE mourra le 11/10/1834 à la Gaudinière. Veuf, François AUBIN va à l'Aiguillette.

Pierre DENIS - Maire de 1844 à 1852

Pierre François DENIS est né le 29/01/1781 à Vallet. Il est le fils de Jean DENIS et de Marie MENAGER. Il est le 5ème et dernier enfant de ce couple.

Le 26/10/1815, alors qu'il est encorne soldat, il célèbre à Mouzillon son mariage avec Louise ORGAN, née le 08/03/1786 à Mouzillon, fille de René ORGAN et de Marie GAILLARD. Sa soeur Maire ORGAN a épousé Pierre-Maurice DENIS, cousin germain de Pierre françois DENIS. Les lien de famille sont donc resserrés.

Il exerce la profession de cultivateur à Mouzillon.

François MARTINEAU - Maire de 1852 à 1855

François MARTINEAU est né en 1806 à Mouzillon. Il est le fils de Jacques MARTINEAU et de Jeanne LOIRET.
Il a épouse Anne ORGAN. Lors du recensement de 1836, il est cité comme cultivateur. Un domestique lui vient en aide.

Jean BABONNEAU - Maire de 1855 à 1865

Jean BABONNEAU est né le 16/10/1818 à la Grange.

Il a exercé la profession de géomètre-arpenteur.

Le 21/09/1841 il épouse Louise DENIS qui est :

= fille de Pierre DENIS (qui fut maire de 1844 à 1852) et de Louise ORGAN

= nièce de Anne ORGAN, épouse de François MARTINEAU (qui faut maire de 1852 à 1855)

Avec Jean BABONNEAU, c'est le troisième époux-fils de femme ORGAN. Cette lignée familiale aura donc la première place à la mairie de Mouzillon de 1844 à 1865.

Le mandat de Jean BABONNEAU se déroule pendant le second empire. La municipalité ne manquera aucune occasion de souligner son soutien à l'empereur.

Pierre GUICHET - Maire de 1865 à 1871

Pierre François GUICHET est né à Saint-André-de-Treize-Voies.

Le 19/07/1843, il célèbre à Mouzillon son mariage avec Marie Marguerite LUNEAU, née le 20/03/1823 à Vallet, fille de Prudent LUNEAU et de Marguerite MENAGER. Il est le fils d'un précédent maire de Mouzillon.

Paul-Emile BOUANCHAUD - Maire de 1871 à 1872

Paul Emile BOUANCHAUD est né à Saint-Etienne de Corcoué (Loire-Atlantique).

Le 28/05/1866 il célèbre à Mouzillon son mariage avec Joséphine GUICHET, fille de Pierre François GUICHET et de Marguerite Marie LUNEAU. Il est donc le gendre de Pierre François GUICHET et prend les fonctions de maire à la suite.

1871-1872, c'est la fin du second empire napoléonien et peu peu se met en place la IIIème république.

Pierre GUERIN - Maire de 1872 à 1881

Pierre GUERIN est né au bourg de Mouzillon le 30/09/1832.

Il est le fils de François GUERIN, maréchal-tailladier au bourg de Mouzillon. François GUERIN est né aux Corbeillières à Vallet, fils de Jean GUERIN et de Perrine SAUVETRE. En premier mariage il épouse Marie Julienne FAVREAU. Veuf, il épouse en seconde noce Louise MARTIN ( née au Clairay à Vallet). De ce second Mariage naitront 2 enfants : Marie GUERIN en 1826 (elle épousera Pierre GUILBAUD) et Pierre GUERIN en 1832.

François GUERIN est décédé le 1840 : son fils Pierre GUERIN n'a que 8 ans. Toute sa vie il restera lié à sa mère.

La famille a quelques propriétés; lorsque Louise MARTIN-GUERIN fut veuve, il est indiqué qu'elle était cultivatrice puis rentière.

En 1851 Pierre GUERIN est cité comme tonnelier, puis comme propriétaire et comme marchand de vin en 1896 et en 1901. C'est un homme qui avait le sens des affaires. Il devint propriétaire du Petit Plessix.

En 1872 il devient maire après Paul Emile BOUANCHAUD, à une période charnière de l'histoire de France. Le second empire s'est achevé à SEDAN et c'est la IIIème république qui se met en place progressivement. Peut-être Pierre GUERIN était-il plus républicain que Paul Emile BOUANCHAUD ? Il faudrait analyse de plus près les décisions de ses mandat et le contexte du scrutin local pour l'affirmer.

Pierre GUERIN fut maire pendant 9 ans.

En 1881, il cède la place à celui qui l'avait précédé.

La tombe de Pierre GUERIN est facilement identifiable dans le cimetière de Mouzillon. Elle porte l'inscription

Ci git

Pierre GUERIN

1832-1912

MAIRE DE MOUZILLON

1872-1881

description

Même s'il est mort sans enfant, son parcours a marqué l'histoire communale d'une part, ses neveux et petits-neveux d'autre part. Les uns seront viticulteurs ou marchands de vin, d'autres seront maires de Mouzillon et de Vallet.

Paul-Emile BOUANCHAUD - Maire de 1881 à 1897

Paul Emile BOUANCHAUD retrouve la place de maire qu'il avait occupé à la suite de son beau-père. Il restera à ce poste pendant 16 ans. Une rue de Mouzillon porte son nom.

description

Stanislas LUNEAU - Maire de 1897 à 1917

Honoré MENAGER - Maire de 1917 à 1919

Le mandat de Honoré MENAGER a des caractéristiques particulières.

Il fut bref, à peine 3 ans.

Il fut celui d'une période particulièrement difficile pour la France et pour les Français. Clemenceau avait été rappelé à la présidence du conseil pour faire face aux plus grandes difficultés d'une France en guerre. Mais de même que Georges Clemenceau ne fut pas choisi par ses paires quand la paix fut revenu, de même Le mandat d'honoré MENAGER ne fut pas renouvelé.

Enfin Honoré MENAGER quitta Mouzillon, le vignoble et la France métropolitaine pour s'installer en Afrique du nord; en cela il est proche de Jules Ferry. Cette vision républicaine coloniale a du fasciner sa famille. Cette migration est unique dans l'histoire de la commune.

Clément GUILBAUD - Maire de 1919 à 1942

Léon LUNEAU - Maire de 1942 à 1944

Raphael HARDY - Maire de 1944 à 1971

Robert BOUET - Maire de 1971 à 1995

Michel CHIRON - Maire de 1995 à 2001

Patrick BALEYDIER - Maire de 2001 à ...

Quelques rapprochements

Plusieurs types de rapprochements peuvent être effectués dans cette liste des maires de Mouzillon.

Le premier rapprochement est d'ordre familial. La présentation a mis en valeur des liens de parenté liés à la famille Luneau : Jean-Gabriel BOUCHAUD, Prudent LUNEAU son neveu, Pierre GUICHET gendre du précédent, Paul Emile BOUANCHAUD gendre du précédent, Stanislas LUNEAU cousin des précédents et Léon LUNEAU frère du précédent. En un siècle et demi, un membre de cette lignée fut mais maire sur plus de 50 ans, soit un tiers de cette période.

Cette exemple est conforté par d'autres lignées : Pierre-François DENIS, maire de 1844 à 1852 a pour beau-frère François MARTINEAU qui lui succède à la mairie de 1852 à 1855. Et le successeur, Jean BABONNEAU, maire de 1855 à 1865 est le gendre de Pierre-François DENIS et le neveu de François MARTINEAU. Pendant une période de 21 ans cette famille a assuré cette fonction à Mouzillon

Et encore...

Le deuxième rapprochement qui peut être effectué est la place des femmes dans ces lignés. La mairie de se transmets pas de père en fils, mais elle se transmets, pour une bonne part, selon la ligné les épouses et des filles : Louise ORGAN est l'épouse de Pierre François DENIS, elle a pour soeur Anne ORGAN qui sera l'épouse de François MARTINEAU. Louise ORGAN a une fille : Louise DENIS qui épousera Jean BABONNEAU. De nouveau, sous une apparence purement masculine, puisque des hommes sont votants, à l'exclusion des femmes, et que des hommes sont élus, sans qu'une femme puisse y prétendre à cette époque-là, sous cette apparence la place des femmes apparait nettement. Ces faits ne manquent pas de nous interroger sur la complexité des nos sociétés dans ces rapports hommes-femmes.

Le troisième rapprochement qui peut être effectué est celui d'un fait générateur. Nous avons tous appris qu'en 1789, dans toutes les paroisses de l'ancien régime avaient été rédigé des "cahiers de doléance". A Mouzillon, le dimanche 5 avril 1789 se trouvaient réunis

Hilaire DUGAST

Pierre DENIS

René BREVET

Pierre DENIS

Louis Pierre BARON

Louis LAMOUREUX

Jean DEFONTAINE

Julien LUNEAU

Julien Joseph LUNEAU

François LUNEAU

Laurent TEIGNE

René ORGAN

Julien GREGOIRE

Julien PHILBERT

Pierre BABONNEAU

Jean PACREAU

Guillaume BARON

Laurent GREGOIRE

Jacques Grégoire MARTINEAU

Jean SAUVION

Joseph LEROUX

Pierre MARTIN

Julien DEFONTAINE

Pierre ...

Jean LANGEVIN

Jean GREGOIRE

René BAHUAUD

Joseph MARTIN

François BAHUAUD

Louis LEFORT

Mathieu GAUTRON.

Dans cette assemblée sont élus : Jean Julien LUNEAU (la Rouaudière), François LUNEAU (le Brossay), René BREVET (la Barillière), Jacques Grégoire MARTINEAU (la bourg).

Cette assemblée a débattu des taxes, impôts et corvées, du tirage au sort pour la milice, des propriétés, des juridictions, de l'admission aux charges et emplois, du droit des veuves...Des réformes sont demandées, un esprit de nouveauté transparait.

Une autre assemblée eu lieu le 27 septembre 1789. Les participant sont plus nombreux

Hilaire DUGAST

Alexis DENIS

Laurent TEIGNE

François AUBIN

Pierre DENIS

René BREVET

Pierre BABONNEAU

Julien PHILBERT

René ORGANT

Pierre GABORIT

Pierre DENIS

Jean GREGOIRE

Pierre GOUELOT

Pierre MARCHAIS

Jean TEIGNE

Jean BRILLOUET

"pour [...] au député, un nomé Julien LUNEAU, pour qu'il se trouve à l’hôtel de ville à Nantes le 30 du mois, à huit heure du matin, vœux général des habitants de Mouzillon de ne point abandonner les privilèges de Bretagne qui nous ont toujours été soutenu par une main trop chère jusqu'ici, et que les demandes de notre cahier de doléances qu'ils font passer soit enregistrées et sanctionnées par le roy."

Ont signé :

J.LUNEAU

J J LUNEAU

René BREVET

P. DENIS

J. PHILBERT

J. GREGOIRE

Hilaire DUGAST

J G MARTINEAU

J TEIGNE

R ORGAN

F AUBIN

P BANONNEAU

P GOUELOT

Mais comment ne pas faire le rapprochement entre ces hommes qui furent les représentants des habitants de Mouzillon et qui nous apparaissent aujourd'hui comme les parents et les grands-parents de ceux qui furent maires de Mouzillon pendant la plus grande partie des dix-neuvième et vingtième siècles : Jean-Julien LUNEAU, Jacques-Gregoire MARTINEAU, René ORGAN, François AUBIN. Ceux qui assurent la représentativité de la communauté transmettront à leur descendance cette passion.

L'histoire a toujours plusieurs versants et plusieurs lectures. Si le dix-neuvième siècle a su prolonger ce que les pères et grand-pères ont développé dans les cahiers de doléances, l'autre versant de cette histoire est que d'autres hommes de cette assemblée mourront en 1794, victime des violences : Hilaire DUGAST, Pierre DENIS... Et si la lecture des cahiers de doléances montre le souffle, la vitalité d'une communauté, la lecture du compte-rendu de la réunion du 27 septembre dévoile l'attachement aux privilèges !

Quelques repères anthropologiques

Dans notre recherche de la façon dont les hommes et les femmes ont vécu sur le territoire de cette commune, le cadastre de 1811 a permis de mettre à jour la place occupée par de gros villages : la Barillière, la Greuzardière, la Recivière, la Poulfrière, la Rouaudière, la Morandière et le bourg de Mouzillon. Ces gros villages mettent en évidence une population qui a choisi un mode de vie collectif, avec un habitat aggloméré. Ce choix est probablement très ancien si on considère la façon dont les parcelles ont été partagées pendant des siècles, et encore partagées pour donner un patchwork cadastral, et en même temps comme une traduction des liens familiaux. Certains de ces villages portent des noms qui n'ont pas d'équivalent, qu'on ne retrouvent nul par ailleurs... comme si nous avions oublié la signification de ces noms.

Cet habitat aggloméré n'est pas propre à Mouzillon, on le trouve à proximité : la Dourie, la Guiltière, les Corbeillières.

La population de ces villages vit en majorité de ses activités agricoles et viticoles, mais, dès le XVIIème siècles apparaissent dans les registres des professions artisanales qui sont intégrées à la vie du village. Ils témoignent d'une vie collective, avec des interdépendances certaines.

Les feuillets de recensements permettent de voir la progression d'une forme de famille nucléaire tout au long du XIXème siècle en regardant le nombre d'habitants par maison. Ce nombre va en se réduisant progressivement. Cette série montre qu'en moins d'un siècles les mouzillonnais sont passés de 4,5 habitants par maison à 3,5.

Une première analyse attribuera cette évolution aux conditions matérielles qui permettent un peu plus d'espace pour chacun dans sa maison...

Une autre analyse se tournerait vers l'anthropologie, le mode de vie, l'image que ces habitants ont d'eux-mêmes, de leur famille... une famille de plus en plus limitée aux parents avec les enfants mineurs.

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Le cadastre a permis aussi de mettre en valeur de caractère égalitaire de ces familles. Les parents partageaient leurs champs, leurs vignes, leurs prés en parts égales entre leurs enfants, même s'il fallait séparer la parcelle en 3 ou 4 parcelles plus petites. Des petites exploitations agricoles étaient adaptées à des familles nucléaires (composées des parents et des enfants). Et au final cette population était assez égalitaire. De nombreux mariages associaient un homme et une femme de même condition, parfois du même village.

Un habitat dispersé s'est mis en place à côté de ces gros villages. Ce sont les métairies, citées dans les anciens registres. Parmi les plus caractéristiques, peuvent être cités le Pin, le Grand Plessix, l'Augerie, le Bois Rouaud, la Haie Pallet, la Gaudinière, la Coudorière, la Fréchotière, le Pontreau, Lozangère, Chaintre, Bois Pallet... Chaque métairie regroupe l'habitat de ceux qui y vivent et y travaillent. Cette population vit dans un habitat dispersée.

Plusieurs noms de ces métairies portent des consonances champêtres, végétales... qui peuvent rappeler la période de leur installation comme lieu de travail et de vie. Dans chacune de ces métairies, la vie est collective. Sont regroupées 2 ou 3 générations, des collatéraux et du personnel employé. Là se développe une vie familiale dont les liens sont forts en raison des travaux collectifs qui rythment les saisons et de la dépendance de tous face aux récoltes. En même temps apparait un chef d'exploitation et une forme d'inégalité dans la fratrie, à chaque génération. Ce système autoritaire et inégalitaire est renforcé par la système de propriété : cette population des métairies travaillent en fermage ou en métayage des terre qui appartiennent à un propriétaire, parfois noble.

A Mouzillon, vont se côtoyer ces deux types de population : celles des familles nucléaires, égalitaires, propriétaires et agglomérées et celles de familles plus complexes, inégalitaires, fermières et dispersées.

Au milieu du XVIIIème siècle, la plantation des villes à complant par les fermiers-métayés va concrétiser l'unité de cette population. La vigne est sa richesse et le signe de son unité. Tous vont chercher à acquérir leur terre et à en tirer le meilleur parti.

Aussi est-il permis d'émettre l'hypothèse que la population des gros villages avait bien accepté les principes de la révolution française marqués par l'égalité et la liberté. Les cahiers de doléance ne portent pas de revendications particulières. L'attachement au catholicisme romain est réel mais limité puisqu'en 1791 le curé de Mouzillon prête serment en faveur de la constitution civil du clergé et la communauté n'a laissé aucune trace de mécontentement.

En 1794, le refus de la conscription des jeunes hommes va prendre une tournure dramatique avec les 73 morts, tués par l'un ou l'autre des camps. Mais ces morts ne sont pas les victimes d'un seul camp. La violence, la division et l'insécurité ont profondément marqué les survivants.

Les indemnisations dont vont bénéficier les propriétaires après 1810 va laisser aussi des traces dans les vies collectives, familiales. La mémoire des morts devient culpabilisante et honteuse... finalement il ne reste que de vagues évocations sans tradition précise... Et tout le XIXème siècle peut être lu comme un mouvement pour unifier cette population : l'ancienne structure qu'est la paroisse va mobiliser la population avec les missions, les calvaires et la construction d'une nouvelle église; la nouvelle structure qu'est la commune va se donner une mairie, des écoles, des services publiques, des routes... En 1914 tous ceux qui furent mobilisés partirent au feu avec le soutien de leur famille : il ne fallait pas recommencer l'erreur de 1794 !